Sensibilisation au handicap à travers le sport
Les 6ème 2 du collège Guillaume Cale de Nanteuil le Haudouin participent à un projet de sensibilisation aux handicaps à travers le sport et plus particulièrement via les jeux paralympiques.
Ce projet s’étend sur toute l’année et a déjà bien commencé. D’ailleurs, le collège a été labelisé « génération 2024 » en lien avec les jeux olympiques de Paris 2024.
-En début d’année, les élèves volontaires ont participé à la journée « olympi’arc » organisée par la compagnie d’arc de Nanteuil le Haudouin afin de promouvoir la pratique du tir à l’arc et soutenir le projet de la commune en vue de l’accueil d’une délégation olympique pour 2024.
Les élèves nous racontent :
Nous avons pratiqué des activités ludiques et originales comme :
– le run brouette archerie, où le tireur à l’arc est transporté en brouette par son partenaire. A chaque tour de brouette, le tireur devait viser des cibles.
-le bowling archerie, où avec notre flèche, munie d’un embout adapté, nous devions viser des quilles, comme au bowling.
-le golf archerie, où l’on envoyait d’abord une flèche le plus loin possible, puis à l’endroit de la réception de la flèche, on plaçait une balle de golf et ensuite avec un club nous devions envoyer la balle dans le trou en moins de coup possible.
Nous avons découvert des activités de tirs comme le tir à l’arc, tir à la sarbacane et tir à l’arbalète.
Nous avons découvert et pratiqué l’escrime en fauteuil. Avec un fleuret, il faut toucher le torse de l’adversaire avant que celui-ci nous touche. Tout le monde peut pratiquer ce sport, même les valides !
Et bien sûr, nous avons pris du plaisir autour d’activités comme le javelot picard, le baby foot humain, le ski de coordination ou le tir à la corde.
C’était génial malgré la pluie !
On ne diffusera pas nos résultats, de toutes façons, le principal c’est que l’on se soit bien amusés et participés !
-Début octobre, nous avons regardé le film « La ligne droite » de Régis Wargnier qui raconte l’histoire de Leïla qui rencontre Yannick, un jeune athlète devenu aveugle suite à un accident. La seule discipline qu’il peut pratiquer, c’est la course, attaché à un guide par un fil durant le temps de la compétition.
Visionner ce film nous a permis de mieux comprendre le handicap et de nous poser beaucoup de questions, afin de mieux vivre la journée du 18 octobre consacrée aux mal voyants.
-Le 18 octobre 2019, nous avons accueillis deux mal voyants, Monsieur et Madame Bréavoine. Ils nous ont parlé de leur handicap, nous ont expliqué leur quotidien, nous ont présenté leurs chiens, nous ont montré du matériel qui les aide dans la vie de tous les jours. Nous avons pu poser toutes les questions que l’on voulait.
Ensuite, pendant deux heures, nous avons pratiqué le torball.
Le torball est un sport de ballon à grelots qui est pratiqué par des sportifs malvoyants ou non-voyants. Le but du jeu est de marquer plus de buts que l’équipe adverse en faisant rouler le ballon à grelots sous un fil.
Bien jouer au Torball c’est savoir écouter, se concentrer et être le moins bruyant possible. Ecouter le son du ballon est très important.
-Début novembre, nous avons écouté l’histoire de Louis Braille dans le noir. Avec des bandeaux sur les yeux, nous ne pouvons que nous concentrer sur l’histoire.
Louis Braille est né en 1809 près de Paris. À trois ans, Louis a joué avec un outil dans l’atelier de son père, et s’est blessé à l’œil. Une infection provoqué la cécité des deux yeux.
A 10 ans, Louis est parti à Paris à l’Institution royale des jeunes aveugles, où il réussissait dans toutes les disciplines manuelles et intellectuelles. Il a inventé l’alphabet braille, un système de points en relief, permettant de lire et écrire, qui même s’il a évolué aujourd’hui, est resté très proche de celui conçu par Braille. C’était une invention révolutionnaire qui a donné accès à la culture à tous les mal voyants.
En 1847, il a inauguré la première machine à écrire le braille. Malade, il est mort en 1852.
En novembre, les 6ème 2 ont accueillis la classe ULIS de l’école primaire publique Maurice Chevance Bertin de Nanteuil le Haudouin. Les ULIS sont des Unités Localisées pour l’inclusion scolaire. Elles permettent la scolarisation d’élèves en situation de handicaps au sein d’établissements scolaires. Les élèves inscrits en ULIS ont des troubles des fonctions mentales, du langage, des apprentissages, des troubles du développement… Ils sont donc atteints de différents troubles plus ou moins handicapants. La plupart du temps ce handicap reste léger et permet aux enfants d’être intégrés dans des classes de référence afin de suivre une scolarité dans un cadre ordinaire.
Nous avons partagé ensemble une épreuve sportive : le marathon. Par groupe d’ULIS et sixième, nous devions ensemble parcourir 42 kms, chacun à son niveau et à son rythme rapportant des kilomètres à son équipe. Les deux groupes ont réussi à terminer leur épreuve.
« C’était difficile et fatiguant, mais on a réussi ! »
« D’habitude je me serai arrêté, mais là non ! »
« Finalement, tous ensemble on a réussi ! »
En janvier, les 6ème 2 ont rencontré un sportif de haut niveau : Jérome de Meyere.
Agé de 38 ans, il est atteint d’une myopathie de l’adulte et une dystrophie musculaire fasio-scapulo humérale depuis l’âge de 28 ans. En 2010, il trouve sa voie dans l’handisport natation à Compiègne où il excelle. Après de multiples médailles de champion de France, il réalise les temps minima sur le 50 mètres dos (tout handicap confondu) pour les jeux paralympiques de Londres en 2012. A partir de 2013, sa carrière sportive prend un nouveau cap vers le tennis handisport. Il s’entraine énormément et à force de travail et persévérance, il devient en 2015, vice-champion de France tennis handisport catégorie Quad (4 membres atteints). Depuis, il ne cesse de performer et est actuellement 38ème mondial et deuxième au classement national. Il s’entraine dur et vise une participation aux jeux paralympiques de Paris en 2024 en tennis fauteuil dans la catégorie quatre membres atteints.
Après avoir discuté de son parcours, les élèves sont allés à la piscine pour observer les démonstrations de crawl, dos et nage hybride (jambe en papillon et bras en brasse) de Jérôme. Les élèves ont tenté de reproduire ces nages, notamment la nage hybride, qu’ils ne connaissaient pas, et ce en présence de Jérôme et en bénéficiant de ses conseils. Enfin, chaque élève a pu affronter Jérôme sur un sprint de 25 mètres ! Nous étions fiers de nager contre un sportif de haut niveau !
« C’était génial de nager contre un sportif de haut niveau ! »
« J’espère qu’il fera les jeux olympiques de Paris et qu’on le verra à la Télé ! »
Enfin, le collège compte en son sein un « jeune ambassadeur » des jeux de Paris 2024 : Nolan Bosseray. Il a intégré la classe « Alice Milliat et Pierre de Coubertin » l’an dernier et s’est engagé jusqu’en 2024 à participer à une semaine de formation à Amiens tous les ans avec les autres jeunes élus de l’académie. Lors de sa première semaine en juillet, il a découvert différents sports et sportifs, monter une vidéo, travailler sur les valeurs de l’olympisme. Il est intervenu à deux reprises dans notre classe cette année, d’une part pour nous expliquer qui étaient Pierre de Coubertin et Alice Milliat et nous raconter sa semaine mais également pour nous faire vivre des jeux de cohésion et de coopération en groupe.
« Par groupe, avec la voix nous devions diriger un camarade qui avait les yeux bandés dans un cerceau de la couleur annoncée. »
« On devait trottiner et au signal l’un du groupe se laissait basculer en arrière, et ensemble nous devions le rattraper ».
« Nous avons appris à nous faire confiance et à travailler en groupe. »
Pendant la semaine olympique et paralympique, les élèves ont suivi plusieurs cours avec un handicap. Ils ont donc été obligé de s’adapter et trouver des solutions afin d’être le plus efficace possible.
« En musique avec les yeux bandés, nous étions obligés d’écouter le professeur plus que d’habitude, sinon nous étions perdus. On utilise beaucoup la vue finalement. »
« Nous devions reconnaitre des instruments de musique en utilisant l’ouïe et le toucher. C’était surprenant de toucher un archer, ça ressemblait à des cheveux, mais c’était du crin de cheval ! »
« C’était étrange de parler sans savoir ou tourner la tête.
« Dans le noir, c‘était déstabilisant de se lever pour chanter debout car on ne tenait pas tous droit. «
« Après une heure dans le noir, il a fallu se réhabituer à la lumière en ouvrant doucement les volets, car elle nous éblouissait. »
« En arts plastiques, nous avons travaillé avec un handicap moteur. Impossible d’utiliser notre bras droit si nous étions droitiers et notre bras gauche si nous étions gauchers. Nous devions dessiner les symboles de l’olympisme.
Au début, nous croyions tous que c’était facile mais finalement, nos dessins sont beaucoup moins bien que d’habitude, pourtant nous nous sommes appliqués et nous avons passé du temps ! »
« C’était difficile de tenir sa feuille et dessiner ou gommer. Nous nous sommes aidés en bloquant notre feuille avec notre trousse. »
« J’avais mon lacet de défait, mais je n’ai pas réussi à le refaire ! »
« Nous avons trouvé ça dérangeant mais c’était bien de voir comment les handicapés s’organisent pour obtenir ce qu’ils souhaitent. »
« En EPS, nous avons construit notre enchaînement de gymnastique à deux. C’était difficile de comprendre et de se faire comprendre avec les mains. »
« C’était bizarre d’entendre toutes les vibrations de son corps quand on marchait ou on sautait »
« Finalement, on se plaint des fois mais on a beaucoup de chance par rapport à d’autres ! »
Pendant cette semaine olympique et paralympique, les élèves sont allés visiter les archives départementale de Beauvais. L’objectif de cette sortie étant de travailler sur l’histoire du sport dans l’Oise. Par groupe restreint, les élèves devaient chercher dans différentes archives (journaux, règlements, photos, publicités, avis de décès…) des informations afin de répondre à des questions portant sur cinq thèmes :
-Du jeu de paume au tennis
-De la choule au rugby
-Le tir à l’arc
-Différents lieux de pratiques
-L’histoire de Georges Tainturier, escrimeur et résistant.
Le comité départemental handisport de l’Oise est intervenu pour faire vivre aux élèves différentes expériences sportives.
Ils ont ainsi pu faire un parcours pour les déficients visuels. Par deux, l’un était guide et l’autre se laissait guider. Ils ont été obligés de se faire confiance, travailler ensemble et ont utilisé leurs autres sens. Ils ont senti différents sols (carrelages, tapis, caoutchouc) différentes aspérités, différentes températures (le froid près des portes), différentes odeurs (celle du vestiaire par exemple !)
Ils se sont également essayés à l’escalade les yeux bandés et au cécifoot. Obligés d’être silencieux pour entendre les grelots du ballon ! Obligés aussi d’être attentifs pour écouter l’appel de leur camarade (prénom, frappes des mains…) et reconnaitre la direction dans laquelle ils devaient envoyer le ballon !
Une équipe de cécifoot se compose de 4 joueurs déficients visuels, 1 gardien de but voyant ou malvoyant qui oriente la défense, 1 entraîneur sur la touche qui supervise et 1 guide derrière le but adverse pour le localiser. Le terrain est bordé d’une barrière gonflable pour assurer la continuité du jeu.
Ils ont également pratiqué de la Boccia, sport qui ressemble beaucoup à la pétanque avec des balles en cuir. Il peut être pratiqué en individuel ou par équipe. Si les joueurs sont paraplégiques, ils lancent avec la main, s’ils sont tétraplégiques, ils ont une rampe au niveau de leur bouche pour diriger et lancer la balle. Les élèves ont vécu cette situation en étant assis mais cela était suffisemment difficile pour eux, puisque certains décolaient leurs fesses du banc pour lancer !
Les élèves ont découvert le basket fauteuil. Ils ont d’abord travaillé la maniabilité du fauteuil via des slaloom et courses, puis ont pu se faire des passes. Ils ont beaucoup aimé cette activité. Si les lignes et les règles sont les mêmes qu’au basket debout, au basketball fauteuil le dribble prend moins d’importance. Il faut dribbler une fois toutes les deux poussées seulement. Un système de classification permet de mélanger les joueurs ayant différents handicaps et ceux qui n’en ont pas. Chaque joueur vaut au pointage (de 1 à 4.5) en fonction de son niveau de handicap. Sur le terrain, avec cinq joueurs, il ne faut pas dépasser quinze points.
Pour continuer la semaine olympique et paralympique, le service de restauration du collège s’est joint au projet et a proposé aux élèves de développer leurs autres sens que la vue. Les élèves avaient un peu peur de ce que nous allions leur faire toucher et goûter. Ils étaient excités de tester ces découvertes.
Les élèves ont ainsi senti du curry, de la cannelle, de l’anis, de la muscade du clou de girofle.
Ils ont touché du sucre, de la semoule, des lentilles, du riz, des noix.
Ils ont goûté du navet blond, des chips de panais, de la purée de chou fleur, de la purée de potiron et de la purée de panais. Si certains avaient du mal à goûter, d’autres sont restés à la fin et se sont resservis !
Pour laisser une trace écrite de leurs activités, les élèves ont réalisé un exposé sur les jeux paralympiques qui a été complété par un exposé sur les jeux de l’antiquité et jeux modernes réalisés par les classes de CM2 de Nanteuil.
L’exposition affichée, les élèves du primaire et du collège ont pu en prendre connaissance et travailler dessus.
Mme POLARD – Professeur d’EPS